PAULINE BRAMI

Il serait trop facile d’écrire que puisque Pauline Brami peint et assemble, cela ferait d’elle une peintre et une sculpteuse. Trop préoccupée par les matières qu’elle utilise pour leur attribuer une quelconque hiérarchie, elle serait peut-être plus semblable à une alchimiste – ou à une magicienne, sans doute – qui viendrait d’abord se placer comme une contemplatrice de cellesci, et des rencontres qu’elles génèrent. Après un séjour en Islande, profondément marquée par les forces volcaniques, elle s’intéresse au minéral non en tant que matériau inerte, mais dans toute sa puissance tellurique. Dans ses toiles, elle laisse le support absorber des décoctions minérales aux couleurs tantôt bleu-vert cuivré, tantôt violemment orangées, rouges et jaunes. Ensuite, de délicats dessins d’animaux recouvrent ces supports imprégnés, dont les figures lui apparaissent au terme d’intenses séances de transe, dans lesquelles ceux-ci sont semblables à des guides bienveillants. Certains de ces phares très silencieux reviennent de manière récurrente : cygnes, biches, renards, loups… L’univers de Pauline Brami serait celui des sous-bois, des forêts, mais aussi des espaces abandonnés qu’elle affectionne. Dans ceux-ci, elle glane des objets chargés d’émotions, qu’elle noue les uns aux autres : dans ses longues concrétions graciles, un anneau de mariage trouvé dégage autant d’énergie qu’une corne d’animal abandonnée sur le chemin, que de plumes, de papillons ou de plantes séchées. Au-delà de leur rôle apotropaïque, les œuvres de Pauline Brami sont semblables à de petits volcans endormis : comme des entités vivantes, elles ont leur existence propre et lentement patientent avant leur réveil.

Camille Paulhan