Athanasia VIDALI SOULA
Comment le dessin peut-il suggérer l’animalité – cette qualité sauvage que l’homme, malgré lui, partage avec les animaux ? Quel trait commun le dessin partage-t-il avec l’animalité, sinon cette diversion hors de la logique et de la parole qui nous conduit dans un domaine d’où le logos est absent, néanmoins riche de signification ?
Mais l’animalité, ici, se fait métaphore : il ne s’agit plus de chercher l’animal, toujours absent, invisible dans mes œuvres. Il s’agit plutôt de chercher cette qualité évitante de la vie que nous omettons parfois d’attribuer à l’homme. Par un laborieux processus créatif, des dessins qui représentent le monde comme nous avons appris à le voir, sont maintenant effacés, percés, grattés — des gestes qui impliquent des mouvements animaux — ou même redessinés de manière à produire une vue plus complexe et implicite de ce que nous appelons « nature ». Par ailleurs, à travers cette procédure de transformation, la main de l’artiste, devient comme un petit animal qui inscrit et efface des traces, des formes sur le papier.
C’est ainsi que je commence en renversant le cadrage de la peinture paysagiste, cette perspective qui, chez les modernes, reflète le contrôle de la nature et des passions. Et si la perspective est un triomphe de l’œil humain sur la nature, c’est que le paysage nocturne est par nature le règne des animaux qui errent entre le visible et l’invisible. Là où la perspective disparaît, le toucher et les autres sens prennent le dessus. C’est le territoire nocturne du sommeil du logos où la signifiance trace d’autres voies. Cette série comprend des dessins qui parlent également des situations sombres, limitrophes. On suit ici le chemin invisible des animaux, dont l’absence, foisonnante de présence, nous rappelle notre propre condition, limitrophe, indiscernable.