Francis Morandini

En résidence d’avril à juin.
« Un travail de lente maturation m’est fondamental avant l’acte photographique : je commence par arpenter la ville et sa périphérie où je m’imprègne lentement de l’atmosphère, de la manière dont tombe la lumière sur les architectures ; je porte une attention particulière aux différentes formes de vie dans un territoire précis ; j’observe de façon active la manière dont les habitants des villes se réapproprient l’espace public, la manière qu’ils ont de détourner les usages et les fonctions de ces territoires.
Ce travail où je m’imprègne des lieux me permet de sortir des clichés de l’instantanéité pour tenter d’accueillir le réel dans toute sa complexité et sa densité. Il s’agit de réfléchir à comment créer des poèmes avec les moyens de l’image fixe ou autrement dit, de la poésie documentaire offrant une réelle alternative au nivellement des images.
Ainsi, je reviens souvent sur des lieux que j’ai déjà explorés afin de refaire des prises de vue si la lumière, la distance à l’objet ne me convenaient pas, jusqu’à ce que l’image puisse m’apparaître assez puissante. L’élaboration de l’image se fonde donc pour moi dans la pratique photographique.
C’est par les multiples échecs et comparaisons entre les différentes épreuves que j’atteins l’image souhaitée.
Je porte une très grande attention à la matérialité dans mes images : la composition (la découpe du réel par le cadre), l’agencement des différents plans dans l’image, la couleur et les différentes possibilités de les faire résonner ensemble. Enfin, les rapports aux différentes matières et textures que proposent le réel.
Je suis attiré par des espaces non finis, en devenir ou en destruction. La photographie est pour moi une manière de capter précisément les changements qu’opère la main de l’homme sur son territoire. » Francis MorandiniSans titre Francis Morandini - Liège 2014