Sophie Langohr

En résidence en janvier, février, mars et avril

« Sophie Langohr poursuit des recherches qui, revisitant l’histoire de l’art, éprouvent et interprètent les codes iconographiques du passé pour interroger nos actuels systèmes de représentation.
Qu’il s’agisse de camées antiques, de motifs d’esprit rococo, d’une fontaine publique emblème des libertés communales, de portraits classiques, de statues de la Vierge et de saintes, tout est image qui opère, susceptible de faire signe suivant le contexte duquel elle émerge, en fonction des codes socioculturels que nous lui assignons.
Sophie Langohr se réapproprie cette imagerie immédiatement reconnaissable tant nous l’avons en mémoire; elle la manipule, la subvertit, y distille un trouble qui bien au-delà de toute entreprise de mystification, réévalue notre façon de percevoir le monde au travers de notre industrie médiatique, prosélytisme consumériste et marketing par l’image.
Une puissance dont l’artiste connaît bien la mécanique, réussissant, elle-même, par les images dont elle est l’auteur, à emporter notre consentement et notre adhésion. » Jean-Michel Botquin, 2013.
www.sophielangohr.be

Le projet Drapery s’inscrit dans la suite des mes recherches. Aux Vierges et saintes des New Faces succèdent les nymphes, ces divinités mineures irradiant d’une véritable puissance à fasciner. Elles traversent l’histoire de l’art occidental depuis l’Antiquité, obsolètes, renaissantes… et survivantes, notamment dans les pages de nos revues de mode et de beauté.
Mon regard se concentre sur les mains, celles qui froissent étoffes et draps, qui retiennent un drapé prêt à tomber. Ces mains caressent, dévoilent, protègent, étreignent, s’alanguissent ou se crispent. Elles incarnent l’Eros et le langage du corps. Avec Drapery, elles prennent vie contre la culture de l’image. C’est le papier glacé lui-même que ces mains froissent ou étreignent. Ce sont ces pages satinées qui se transforment en drapés. La manipulation trouble le regard que nous portons sur ces images séduisantes. Chairs et plis se confondent. Le désir ne peut que s’exaspérer devant ces voiles et ces étoffes vides de corps. C’est la désincarnation que nous percevons devant ces papiers chiffonnés, défroques de l’industrie de la consommation. Sophie Langohr, 2013.

Valentin Judashkin advertising campaign Fall/Winter 2013, essai pour Drapery, 2013.

Valentin Judashkin advertising campaign Fall/Winter 2013, essai pour Drapery, 2013.