Clara Thomine

Clara Thomine invente ou suscite des situations «presque normales». Mais pas tout à fait. Elle le fait dans des films, des performances, ou à travers des productions plastiques. Reporter de faux-semblants vraisemblables, fabricante ou manipulatrice d’objets qui-ne-sont-pas-à-leur-place, elle instille dans la réalité une part de fiction. Tout son travail consiste ensuite à effacer les traces de cette effraction, à brouiller les pistes, voire à nier avec beaucoup de candeur les contradictions qui pourraient apparaître.Ainsi, elle nous entraîne dans la visite filmée d’un monde plus vrai que nature dans lequel, pourtant, les humains se révèlent étrangement figés. Ou bien, elle donne une conférence-performance, à propos d’une femme morte, il y a un siècle et qu’elle veut sortir de l’oubli avec l’aide de Wikipédia, de poupées russes et d’images fractales. A chaque fois, sa sincérité nous convainc autant qu’elle nous pose des questions.C’est toujours la performance qui est le point de départ et le régime de création de ses films.Improvisant devant la caméra, elle a produit de nombreuses «chroniques imprévisibles», imprévisibles y compris pour elle-même, car, c’est, à chaque fois, la situation qui génère l’improvisation, qui elle-même modifie la situation. Coiffée d’une perruque qui est presque (encore une fois) semblable à sa propre chevelure, elle s’émerveille devant le ballet de moissonneuses batteuses en plein travail, dans un champ.Ou bien elle pose, en robe blanche, avec le sourire ravi d’une enfant, devant tous les stands et les manèges d’une fête foraine.