Clara Gallet
Arpenter, bricoler, s’extraire du flux
Parcourir des villes et leurs périphéries, des campagnes et leurs villages. Marcher, s’arrêter, repartir.
Cette traversée de paysages variés constitue peut être la première étape de mon travail. Il s’agit d’observer comment des choix d’aménagement du territoire à échelle locale comme à échelle globale servent une société caractérisée par l’interconnexion de ses espaces géographiques et économiques. L’architecture, l’urbanisme et les transports entretiennent un flux humain qui marque en profondeur les paysages mais aussi les formes et rythmes de vie. Adossé à ce réseau, parallèlement aux injonctions à la mobilité, se développent aussi des marges, des interstices spatiaux, temporels et sociaux. Je m’attarde sur ces lieux, points de frictions où l’on se s’arrête pas en allant d’un point A à un point B, où se superposent des temporalités contraires et où se développent des activités antagonistes. Je cherche dans des environnements standardisés la manifestation visible de gestes singuliers. De l’infrastructure de transports à l’abri sommaire auto-construit, je confronte les formes qui composent le paysage, le modèle ou s’y intègre. Ces éléments témoignent de divers manières d’habiter l’espace, de l’occuper, d’y circuler. De ces explorations je conserve des traces photographiques et vidéographiques. Cette documentation nourrit ma pratique de la sculpture et du dessin. Je m’attache à décortiquer plastiquement des données contextuelles afin de déplacer le regard sur des situations issues du réel. Un matériaux est choisi pour ce qu’il représente en terme d’usages et de pratiques, il l’est aussi pour ses propriétés plastiques que j’expérimente, que j’éprouve. Celles-ci auront un impacte sur la formes, la textures et le processus de réalisation des volumes. Je laisse une place à l’imprévu, à l’accident, au comportement de la matière. Regroupés entre eux sous formes d’installations, les différents médias que j’utilise (sculpture, photographie, vidéo, dessin) proposent un regard sur les grincements d’un monde en perpétuel mouvement.