Amélie Scotta

Je me définis par un ensemble de lieux : j’ai déménagé une vingtaine de fois en quinze ans. Après une enfance à la même adresse dans une cité-dortoir, je n’ai cessé de migrer, de ville en ville, de quartier en quartier, de boîte en boîte. Mon travail s’inspire de récits alliés au milieu concret et urbain dans lequel j’évolue, créant souvent une confusion entre réel et fictionnel. j’y évoque un milieu âpre et violent dans ses contradictions et ses inégalités, sans évacuer une forme de poésie. Le souci du détail confronté à une idée de monumentalité en architecture et le rapport de l’individu à la masse humaine sont mes fils conducteurs.

Par le dessin principalement, mais aussi avec les outils numériques, je mène une réflexion par le faire et cherche à entrer dans la structure ou pattern, qui désigne à la fois le motif et le modèle. Je dessine de manière lente et obsessionnelle, à contre-courant d’un système basé sur la vitesse et la performance auquel j’ai été confrontée en tant que graphiste. J’aime la simplicité du médium dessin, nécessitant peu de moyens et exigeant avant tout de la discipline et du temps.

Mon mode de vie itinérant détermine également mon engagement et mes réalisations. Je m’adapte constamment à l’espace qui s’offre à moi, qu’il soit lieu de vie ou de passage. Les dessins sur rouleaux furent initialement une manière de créer des grands formats dans des espaces exigus et temporaires, et sont devenus par la suite un choix artistique.

Ladrillos (détail), 2018, dessin au pastel sur rouleau de papier japonais, 500 x 100 cm.
Vue de l’exposition Itinerancia, Casa de Velázquez, Madrid, 2018.
Crédit photo : © Isabelle Scotta