Stéphane Gilot

Démarche artistique

Le travail multidisciplinaire développé depuis vingt ans combine des dessins, des aquarelles, des maquettes ainsi que des installations architecturales où la vidéo et la performance jouent un rôle important. Mon approche de la sculpture est souvent conçue d’après le contexte de présentation et transforme l’espace en tenant compte de son aspect architectural et idéologique, tout en interrogeant le terrain métaphorique de l’art et de ses publics. Cette approche critique des contextes d’intervention et d’exposition, propose également un ensemble d’expérimentations sur les questions soulevées par les protocoles de collaborations interdisciplinaires : en effet, un grand nombre de ces projets sont développés à partir d’invitations à des artistes de la performance, du son et de la danse.

Depuis une quinzaine d’années, cette démarche s’articule principalement autour de trois séries : les interventions architecturales chromatiques, les Plans d’évasion, et La cité performative.

La série des interventions architecturales chromatiques est un travail de spatialisation de la couleur et de phénomènes architectoniques inusités qui envahissent l’espace d’exposition et suggèrent une construction débordant du cadre directement perceptible. Les œuvres de la seconde série, Plans d’évasion, se caractérisent par une pratique de l’installation performative qui s’intéresse aux diverses formes d’utopie et de dystopie, à l’architecture, aux structures sociales, à la cosmologie et à l’épistémologie. La troisième série, complète la précédente à partir de la notion de modélisation : ces installations sculpturales, composées d’ensembles de maquettes et de vidéos, convoquent la modélisation dans toute sa variété, depuis les vues aériennes imaginaires de la peinture de la Renaissance jusqu’aux espaces virtuels en ligne, en passant par la prospective architecturale des Avant-gardes du 20e siècle. Ces ensembles urbains permettent également de mettre en évidence les connexions qui sous-tendent les projets développés depuis une quinzaine d’années.

Cette recherche combine deux approches complémentaires, l’approche documentaire et l’approche par modélisation : l’approche documentaire se caractérise par un travail d’enquête à partir d’archives, de documents historiques, d’entrevues avec des chercheuses et acteurs culturels, ou encore à partir de contextes spécifiques (quartiers, institutions et leurs populations) études de site, de programmes architecturaux et de projets urbanistiques spécifiques liés à des hétérotopies (et des dyshétérotopie). Dans un second temps, les façons de rendre publiques ces recherches à la fois documentaires et formelles sont étudiées : dans le champ des arts visuels, ainsi que dans des lieux de diffusion directement liés aux contextes explorés.

L’approche par modélisation évalue les incidences et les usages des configurations spatiales et technologiques par des mises en espaces spécifiques – bâties ou modélisées – afin de développer une compréhension des idéologies de l’espace et afin de proposer des formes et des usages alternatifs de gestion et de création de sites ou de lieux hybrides, à la fois praticableset spéculatifs. Le travail d’installation, les dispositifs et la recherche performative sont au cœur de ce laboratoire. L’objectif est aussi de faire émerger les particularités des protocoles de collaboration mis en œuvre dans ces environnements performatifs ouperformés. 

Biographie

Originaire de Liège, Stéphane Gilot vit et travaille à Montréal. Son travail multidisciplinaire combine le dessin, la maquette, l’installation architecturale, la vidéo et la performance. Son approche critique des contextes d’intervention et d’exposition, propose également un ensemble d’expérimentations sur les questions soulevées par les protocoles de collaborations interdisciplinaires. Depuis 2013, il est professeur à l’École des arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. 

Parmi ses projetsrécents, mentionnons Collision, un opéra pour demi-sous-sol – en collaboration avec Sara Létourneau (performance et chant) et Tim Brady (compositeur et guitariste), Le Lobe, Chicoutimi (2018); Le catalogue des futurs, Musée d’art de Joliette (2016); Pièce pour cinq interprètes, lumière rose et silence,12e Biennale de La Havane (Cuba, 2015) ; MULTIVERSITÉ / Métacampus, Galerie de l’UQAM (2012); La Cité performative, Musée national des beaux-arts du Québec (2012). Il a également exposé dans le cadre de À la recherche d‘Expo 67, Musée d’art contemporain de Montréal (2017); d’Art Toronto (2015); de Inside / Outside (Boston, 2015); de 12 Minutes Max : Film and Performance Art Festival (Salt Lake City, 2014) ; de Eerste oogst, SPACE Collection (Maastricht, 2014) ; de Reverse Pedagogy, Model Arts and Niland Gallery (Sligo, Irlande, 2009); et au Musée d’art contemporain de Montréal lors de la Triennale Québécoise (2008) et lors de l’exposition personnelle Libre arbitre (2001); ainsi que dans le cadre de la Transmediale (Berlin, 2006). En 2012, les projets La cité performative etMULTIVERSITÉ / Métacampus ont fait l’objet d’une publication éditée par la Galerie de l’UQAM et le Musée national des beaux-arts de Québec.L’ouvrage, intitulé Mondes modèles, rassemble la documentation des projets ainsi qu’un survol rétrospectif de la pratique, des textes critiques ainsi qu’un essai inédit de Florence de Mèredieu.

www.stephanegilot.com

Le catalogue des futurs, Installation architecturale, vidéographique et performative : constructions d’espaces architecturaux; vidéo, son (12 canaux – 4 projections vidéo, 8 écrans vidéo); objets (œuvres de la collection et artéfacts de performances); maquette; 22 dessins; livre d’artiste. Collaboratrices : Sophie Breton, Caroline Boileau, Belinda Campbell, k g Guttman, Clara Furey et Peter Jasko. Musée d’art de Joliette, 2016.