Alex Chevalier

Le Silence et les Mots

Dans l’ensemble des dessins et éditions réalisées, c’est une réflexion autour de la question de l’art et de l’activisme qui est menée. Une tentative plastique qui permettrait alors de donner une existence physique réelle à une certaine utopie. Une pratique où une opposition met en conflit esthétisme et activisme, silence et discours, espace privé et espace public. Mené sur différents territoires, un croisement s’effectue entre des questions liées à l’engagement politique et des questions liées à l’histoire de l’art.

Si les pratiques s’opposent, il est tout de même possible de noter que la question du privé et du public ressort, avec notamment un déplacement de l’espace quotidien (urbain) dans l’espace de la galerie et inversement – un jeu que l’on peut constater dans les matériaux et formes utilisés. Le travail du dessin s’effectue sur des plaques de bois trouvées dans la rue, sur des supports issus des chantiers de construction (B.A 13, briques, parpaings, etc.). Un rapprochement que l’on peut aussi appliquer au système de monstration que l’on pourrait tout aussi bien retrouver dans la rue – nous pensons notamment aux palissades, aux systèmes de signalisation ou encore à des systèmes de stockages.

Dans chacun des dessins, se sont les marges qui font abstraction. Le texte disparait et laisse place à des blocs textes, des formes géométriques qui restent en réserve laissent apparaître un autre dessin. Les marges et les autres codes graphiques que l’on retrouve dans les affiches politiques sont réutilisés pour ce qu’ils sont, ainsi, marges et diagonales sont devenues des outils essentiels au sein même de la recherche qui est mise en place car ce sont eux qui permettent la conception et la réalisation les dessins. Dans chacun des dessins, la picturalité prend une place importante, elle est provoquée par le choix des supports et ses caractéristiques (couleurs, textures..) et par le choix des outils de dessin et la façon de les utiliser.

Les éditions, sont utilisées comme des supports à la transmission d’idées et de pensées. De ce fait, le texte et l’image prennent une place importante dans ce travail. Un développement des éditions qui sont conduites hors de l’espace du white cube qui prennent sens dans la rue par différents types d’interventions, aussi, collage sauvage, distribution, envoie, lecture, etc. deviennent autant de moyens de remettre en question les systèmes de distributions et de diffusions.

Qu’ils fassent référence à une contestation politique ou d’une autre nature, les dessins sont privés de parole, ils deviennent muets, alors que les interventions urbaines (par le travail d’éditions) montrent une véritable saturation du langage. La mise en place d’un répertoire de gestes et de formes – affiches, flyers, livrets, journaux – permet alors de briser le silence présent dans les dessins où le recouvrement intégral, ou partiel, des supports est peut-être finalement la retranscription de la violence qu’il est possible de retrouver ailleurs.

Alex Chevalier, Le Silence et les Mots

vue d'exposition Idylle(s) et Latitudes, Les Ateliers, Clermont-Ferrand, 2014

vue d’exposition Idylle(s) et Latitudes, Les Ateliers, Clermont-Ferrand, 2014